PASSACRE, MONSTRE DE LA MAISON (commeunvers)





PASSACRÉ, MONSTRE DE LA MAISON


Il y avait une maison dans laquelle vivait une famille. Il y avait la mère, le père et Passacré. Passacré était le monstre de la maison. Il en faisait voir de toutes les couleurs. Il faisait toutes les bêtises qu'un monstre puisse faire dans une maison. Il dessinait sur les murs, tapait sur les casseroles avec des couverts en acier, il faisait des ravages dans le frigidaire, refusait d'aller se coucher le soir, hurlait à l'aube alors que toute la maisonnée dormait encore et il ne faisait pas ses devoirs. Le père et la mère en avaient marre. Une nuit alors que Passacré s'était enfin endormi, ils tinrent conseil.

- Cela ne peut plus durer, dit la mère.

- Cela ne peut plus durer, dit le père.

Et ils prirent une décision.

Le lendemain matin il trouvèrent les lacets de leurs souliers noués ensemble de telle manière qu'il leur fallut beaucoup de temps pour les dénouer.

- Cela ne peut plus durer, dirent-ils en chœur.

Et la mère prit le téléphone.

Dans la soirée alors que Passacré se promenait en hurlant hou-hou dans la maison après avoir fait deux trous pour ses yeux dans un draps tout neuf, on sonna à la porte.

- Ça doit être lui, dit le père. Je vais ouvrir.

Derrière la porte se tenait Monsieur Loyal dans son costume. Il entra. On lui servit le café puis la goutte.

Pendant ce temps Passacré continuait à faire le fantôme hurlant et les grands devaient parler fort pour se comprendre.
- C'est lui ? demanda Monsieur Loyal.

- Oui, c'est lui. Passacré.

- Il m'a l'air parfait.

- Vous en serez très satisfait, dit la mère.

- Marché conclu, dit Monsieur Loyal. Ses affaires sont prêtes ?

- Tout est prêt, dit le père. Passacré vient par ici.

Et Passacré s'enfuit à l'autre bout de la maison en hurlant sous son drap. La mère réussit à l'attraper mais il se défendait comme un beau diable.

- Il a de l'énergie à revendre, dit Monsieur Loyal.

- Oui. Alors nous sommes d'accord. Vous nous en débarrassez, dit le père.

- Comme convenu. Voici les places gratuites, dit Monsieur Loyal.

- Merci, soupira le père.

Et Monsieur Loyal emmena un Passacré qui se débattait comme une furie.

Un an plus tard, après un repos bien mérité, le père et la mère se rendirent au cirque avec leurs places gratuites. Et là, ils virent Passacré faire un numéro de clown des plus épatants. Il mettait en pratique toutes les ficelles de sa monstruosité pour faire rire le public. Ils eurent quelques regrets en songeant aux caisses bien remplies du cirque mais se consolèrent en songeant à la tranquillité qui régnait dans la maison depuis que Passacré l'avait quittée pour le cirque.

Ils rentrèrent chez eux et trouvèrent toutes les pièces de la maison tapissées de grandes affiches multicolores qui faisaient la promotion du cirque avec Passacré en vedette. Ils éclatèrent de rire et s'écrièrent : "Sacré Passacré!"

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