SOMBRERO, L'OMBRE REBELLE (commeunvers)










SOMBRERO, L'OMBRE REBELLE


Un peintre avait son ombre. Comme tout le monde. Son ombre s'appelait Sombrero. Le peintre et son ombre étaient en pour-parler car le premier voulait saisir sur la toile le second qui ne se laissait pas faire. Il refusait de tenir la pose. Le peintre avait décidé de capter les contours de son ombre. Mais Sombrero bougeait à chaque fois.

- Reste immobile, Sombrero!

- Impossible. Ce sont les lois de l'optique, branche de la physique. Et oui, mon cher, il y a des lois.

- Il n'y a vraiment rien à faire?

- Si. Autre chose.

- Ça pas question!

- Alors impossible.

Et le peintre sombrait dans cet impossible. C'était de longues heures de méditation silencieuse. De longues soirées à lire, regarder la télé, faire de l'ordi. Et tous les matins après le déjeuner il demandait à Sombrero de prendre la pose.

- Reste immobile, Sombrero!

- Impossible. Ce sont les lois de l'optique, branche de la physique.

- Tu te répètes.

- Mais tu n'as pas entendu, semble-t-il. Il y a des lois, très cher.

- Tu te répètes.


- Ce n'est pas la première fois que tu me le fais remarquer. Ce n'est pas moi qui suis sourd.

- Tu m'énerves!

- Ah! Quand même! Monsieur se met en colère. Il commence à en avoir marre des lois de la physique et plus particulièrement de l'optique branche d'icelle. Alors? Prêt à essayer autre chose?

- Bon oui. Mais quoi?

- Simple mais efficace : une photo.

- Ah mais oui! En effet! Bonne idée, Sombrero mais il y a un problème : nous sommes pauvres et je n'ai pas de matériel.

- Il faut gagner de l'argent.

- Oui, mais comment? Il faudrait que j'arrive à vendre des toiles.

- Une seule suffirait. Il suffit de taper fort.

- Une idée?

- Oui.

- Vas-y.

- Je prends la pose.

- Pardon?

- Je prends la pose le temps que tu captes ma forme sur la toile.

- Tu te fous de ma gueule? Et les lois de la physique, très cher? Celles de l'optique?

- Et bien n'en ayons que faire! Lançons-nous dans l'aventure. Allez quoi! Tu as assez de couleur. Allez! Je prends la pose. Au boulot.

Et le peintre se leva, s'installa devant son chevalet et dit : "Ne bougeons plus."

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