PURÉE, ÇA PUE! (commeunvers)










PURÉÉ ! ÇA PUE !


Enfants on s'écriait : « Purée ! Ça pue Caillaud ! », Ça n'avait rien de Grasse l'usine d’équarrissage. Une odeur de bouillon pourri s'insinuait dans la capitale du boudin. « Le plus beau bourg de France » qu'annonçait le panneau vous avait des remugles de l'enfer chrétien, les relents des chaudrons où bouillaient les carcasses faisaient faire des grimaces mais… c'était des emplois, t'étais mal avisé d'émettre des critiques.

Fleuron d'années cinquante, bout de chaîne qui prospère, s'enrichit et accède aux pouvoirs politiques. C'est un truc qui me reste de trente années glorieuses. On sortait de la guerre, on n'allait pas se plaindre.

Le muguet du bonheur faisait gonfler les bourses, les roses de l'amour s'ouvraient sous le soleil, leurs parfums se mêlaient aux senteurs de la mort cuite sur laquelle ils poussaient.

Cela n'était pas pire que la bombe puante, reçue par la fenêtre en leçon de couture. Sœur Raymond, fataliste, voulant faire preuve d'autorité, l'imposa à la classe de même que le silence. Et comme je pestais, elle me mis à la porte pour faire punition. J'évitais le martyr par pure indiscipline trouvant très haut-comique le sort des enfants sages. Je conclue en disant que Sœur Raymond aussi supporta le martyr. Il faut être bien juste.

Mais, après tout, qu'est-ce une mauvaise odeur ? E=M6 l'a expliqué. Je ne m'en souviens guère.

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