À VOULOIR TROP LE DIRE...(commeunvers)




À VOULOIR TROP LE DIRE…

J'ai disjoncté, pété les plombs.
Ah, la, la, cette histoire !
Dans les lettres affichées,
Mêlées en un rébus kaléidoscopique,
je trouvais un chemin bourré de certitudes.
Les capitales étaient des guides
pour le plus court.
Pour parvenir j'ignorais où.
Je ne voulais rien entendre :
il fallait LES rencontrer.
Prise de graphomanie
j'allais en alexandrins plats,
cachant des mots dans des mots
que seul pouvait lire l'amour,
me moquant au fond de la forme.
Ça balançait dans ma cervelle :
j'étais complètement barrée.

« Vous devriez écrire autrement. »
Seul ça a eu de l'importance
dans ce qui fut inoubliable
de ces jours de folie malade
qui me menèrent droit à l'HP.



Autisme véritable, aphasie provoquée ?
Je ne pus prononcer un mot
face à l'urgentiste psychiatre(?)
qui me recevait à l'hosto.
Je faisais des efforts monstrueux
pour fabriquer un son au-delà de mes lèvres.
Je voulais expliquer, car j'en étais consciente,
ce qui s'était passé,
trouvais les faits à dire
mais ne pouvais les dire.

Tombée dans la case prison,
le puits de l'antique jeu de l'oie,
j'additionnais à tout va,
digne génie mathématique
qui au fond se trouvait bien là,
au cœur de l'inanité de la véritable folie.

Il y eut la violence, la chambre d'isolement,
et pour finir la transe atroce de mon corps hystérié.
L'M que je produisis
ce devait être tout
ce que j'avais à dire.

Je décidais de soigner ma folie.

La douleur, implacable,
l'isolement, morbide,
Les yeux de mes semblables,
Toutes les phobies du monde,
les manies, les psychoses,
me passèrent par le corps :
je n'étais plus qu'angoisse,
ignorant l'origine de mon mal infernal
et le voyant parfois
comme donné du monde m'étant, peut-être, dû.

Oui, c'est par la folie,
par la folie matée
que je suis arrivée
au bout de ce « poème »,
du désespoir sans fin
de l'incompréhension.

Des millions de sauvegardes
ne sauraient pas tenir le rôle de la main propre.
Ça coûte toujours moins cher de payer des machines
que payer la sueur et les callosités
à leur juste valeur.
Nos futurs dans l'éternité
sont aveuglés de science-fiction,
de mondes béants d'un plaisir fainéant
que seuls accorderaient les dieux
dans un non-temps extravagant.
Et nous sommes bien empressés
de les voir parmi les humains.


Dire, faire, sans entourloupe,
d'abord en comprenant les seuils inadéquats.
Repérer la limite des sens exacerbés
sans pourtant trouver triste qu'il en soit ainsi.
Signaler la doxa,
l'effet du monde sur, qu'on ne sent qu'en austère
lorsque l'on est calmé par les médicaments.

La dure adéquation de la régulation,
c'est à ça que, patiente, je m'attelle chaque jour.

La bipolarité ?
C'est l'enfer sur Terre
quand ça n'est pas vraiment d'enfer.





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