LE PLANISPHÈRE




LE PLANISPHÈRE



Alors que sous mes yeux
s'étale le planisphère 
aux deux pôles tronqués,
l'Afrique au cœur du monde
dévoile ses frontières
héritées de l'Histoire.
Pays, capitales, îles,
villes, fleuves et lacs,
montagnes et déserts :
beaucoup me sont connus
par actualités, reportages,
fictions, poésie et musiques,
les arts en général ;
tout le on-dit du monde, 
le on-montre des lieux,
le ce qui est lointain
rendu documentaire,
présent au plus haut point,
encomblant mon besoin
sans susciter l'envie
d'aller voir si j'y suis.

Aller voir si j'y suis,
aller voir s'ils y sont :
ça ne me pousse guère.
Autre chose me pousse
qui est ancré au corps,
d'être accueillante ici
aux multiples des noms,
multiples des coutumes,
des costumes et des langues,
multitudes des arts.

N'est-ce pas assez vivre ?
La vie n'arrive-t-elle pas
jusqu'à mon trou du monde ?
Hélas, sitôt huée
par le murmure humain.
Hélas , aussitôt tue
par qui ne veut entendre
que par gens de son monde,
par qui se croit au centre,
et par qui s'y complaît,
vomissant l'assurance
d'être celui qui sait,
qui a raison sur tout,
et qui nourrit la haine
du bonheur des autres
qu'il assimile au fric
qui lui fait tant défaut.
Et même quand il en a,
emporté par l'élan
de son patriotisme
il s'écrie, convaincu :
« Magouilles et compagnie ! »
oubliant dans l'ivresse
de sa vertu froissée
qu'il ne se gêne guère 
pour arsouiller les autres.



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