MORAL(E) NÉCESSAIRE

 

MORAL(E) NÉCESSAIRE 

La Terre est si petite !

Pourquoi la voit-on grande

De ressources infinies ?

Sommes-nous microscopiques,

Pour croire à l'abondance

En corne légendaire !

Avons-nous tant besoin

D'avoir autant d'envies 

Justifiant la prébende ?

En ce mot désuet 

Je vois le manque affreux 

D'élémentaire conscience. 

Et que dire du déchet 

Du merdique emballage 

Qui fabrique l'enfer 

Avec les sciences humaines ?

Nous sommes imbéciles.

À force d'hygiénisme

Et de conservation 

Nous sommes allergiques 

À notre propre monde. 

Alchimistes et chimistes se rejoignent :

C'est la course à la poudre de perlimpinpin. 

Ils gagnent des milliards de dollars,

Ils savent fabriquer du diamant,

Enrichir l'uranium, 

Produire du plastique, de l'essence 

Et prolonger la vie

Rêvant d'éternité.

Nous créons un continent 

Qui s'en va dérivant. 

En faisons fondre, 

En asséchant d'autres.

Nous brûlons les forêts,

Pourrissons les rivières, 

Infligeant aux paysages

Notre intelligence malfaisante. 

Nous nous sentons vides.

Nous faisons le plein

Pour être comblés.

Nous sommes si avides !

Il nous manque toujours

L'acceptation du moindre,

Car tout le monde adore 

Frôler la perfection 

D'un paradis terrestre 

Rempli d'objets humains 

Inutiles et néfastes, 

De paysages imprenables, 

Que nous prenons d'assaut

Armés d'appareils photo,

Avant de reprendre

La route, l'air ou la mer, 

Et laisser au passage 

Un superbe sillage

Irisé et puant.